"Ce n'est pas signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade". Cette citation attribuée au penseur indien du 20ème siècle Jiddu Krishnamurti, sans que toutefois il m'ait été possible de vérifier cette paternité, constitue la toile de fond de ma vie personnelle et professionnelle. Elle est mon mantra.
Oui, nos névroses qui s'expriment par des symptômes complexes (= composé de différents éléments) et protéiformes illustrent nos tentatives d'adaptation mentale (mental du latin mens = esprit) impliquant un étayage permanent entraînant dans son sillage de la souffrance liée à une dépense d'énergie excessive et épuisante à mobiliser. Je renvoie au livre de Pierre Daco, "Les triomphes de la psychanalyse", offrant, au-delà d'une écriture touchante et de son style daté, une lecture alliant grande simplicité à justesse du pourquoi et du pour quoi la psychanalyse.
Je pose souvent à mes consultants la question suivante : "Pensez-vous que vous éprouveriez les mêmes manifestations émotionnelles si vous viviez à une époque différente ou sous d'autres latitudes ?" A chaque fois la réponse est "non". Signe que la société dans laquelle nous vivons est vectrice de souffrance au-delà des péripéties de vie qui la jalonnent.
Faire une thérapie - peu importe qu'elle soit d'orientation analytique ou cognitivo-comportementale selon la dichotomie classique - n'a-t-il pas aussi pour objectif d'apprendre à s'accommoder à une société majoritairement composée, et dirigée dans tous ses pans et soi-disant pour notre plus grand bien, de gens qui n'en font pas ?