Philippe Saboulard
Psychanalyse à Bordeaux

Ni orfraie ni Onfray


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Certains psychanalystes adossés à une pratique orthodoxe du travail analytique et de sa modalité la plus aboutie - la "talking cure", expression suggérée par Anna O., sa célèbre patiente, à Breuer à la toute fin du XIXème siècle, ou cure par la parole - se livrent parfois à des critiques véhémentes envers ceux de leur profession qui associent à des moments du travail thérapeutique d'autres méthodes ou outils dont l'efficacité est pourtant éprouvée. Moi-même psychanalyste à la pratique très cadrée à mes débuts, j'ai évolué dans ma façon d'accueillir et d'accompagner toutes celles et tous ceux que j'appelle désormais aussi bien "analysants" que "consultants". Aujourd'hui, si la psychanalyse demeure au centre de ma pratique, je peux aussi m'appuyer sur deux outils complémentaires précieux : l'hypnose et l'EMDR.

La mise en garde de mes pairs que j'entends, au double sens du verbe, tient principalement à l'erreur de vouloir éponger les symptômes de manière trop rapide et sans garantie d'efficacité durable. Il est vrai que c'est se fourvoyer pour un thérapeute que de méconnaître la jouissance mortifère attachée aux symptômes, tout symptôme naissant d'une "motion pulsionnelle endommagée par le refoulement" (Freud, Inhibition, symptôme et angoisse, 1926). Mais pour autant cette crainte est à dissiper ou du moins à contenir. Le symptôme est comme la queue du diable : elle dépasse toujours de la redingote qu'il enfile pour se faufiler incognito. Il y a toujours "quelque chose" "quelque part" qui fait saillie par où attraper le symptôme.

Ensuite, il ne faut pas oublier que la psychanalyse est en partie issue de l'hypnose (travaux de Charcot à la Salpêtrière et de Breuer à Vienne) et que Freud lui-même, un moment élève de Charcot, y eut recours.

Qui donc, aussi, peut dire avec certitude quels psychanalystes seraient aujourd'hui Freud, Jung ou Lacan, pour ne citer qu'eux, à l'heure des SMS, des réseaux sociaux, de WhatsApp et plus généralement du distanciel qui abolit les frontières du temps et de l'espace ? Portée par ses fondamentaux, la psychanalyse aussi doit épouser les mutations de notre société.

Enfin les découvertes fabuleuses des neurosciences qui revisitent le système nerveux dans sa structure et son fonctionnement doivent être intégrées dans nos pratiques, qu'elles soient ou non d'orientation analytique.

Sur un autre versant, le philosophe et polémiste Michel Onfray. Je m'interroge sur ses motivations conscientes et inconscientes qui l'ont conduit à prononcer son réquisitoire acharné contre Freud (Le crépuscule d'une idole, 2010).

il est vrai que se glisser dans la peau d'un zoïle est une manière comme une autre de parvenir à ses fins.

C'est surtout que y'a pas à dire, y'a des moments onfray mieux de se taire. 


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