
On s'allonge sur le divan pour des pensées (!). On liquide (!) sa souffrance qui peut trouver son origine dans des coupures (!). Tout compte fait (!), il vaut mieux régler (!) ses problèmes que se les traîner comme un boulet. En cherchant à être franc (!), c'est-à-dire, étymologiquement, libre.
Argent = excrément = cadeau
Argent = possession = puissance = plaisir de la rétention (constipation) ou de la prodigalité (diarrhée). "L'intérêt érotique porté à la défécation décroît avec la maturité mais l'intérêt pour l'argent apparaît corrélativement." (Ilana Reiss-Schimmel, "La psychanalyse et l'argent", Odile Jacob, 1993)
Argent = perte = souffrance = blessure narcissique
Freud parle de "l'influence correctrice du paiement" (Freud, La technique psychanalytique, Paris, puf, 1953, p. 92) et met en garde contre les répercussions de la gratuité de la cure. Le non-engagement personnel renforce les résistances, ce qui entraîne l'augmentation de l'hystérie de séduction chez les femmes et l'agressivité chez les hommes qui se vivent amputés dans leurs capacités.
L'argent met en balance ce que la névrose coûte au patient et ce qu'il est prêt à investir pour aller mieux.
Payer son analyse est également une manière de reconnaître qu'elle est un travail et non une entreprise de séduction. On ne s'acquitte pas du prix de ses symptômes en "payant pas ses beaux yeux". Payer est un moyen d'atténuer la reconnaissance imaginaire que pourrait éprouver le patient à l'égard de son psychanalyste. "Le paiement a pour fonction de maintenir la régulation du Moi par le principe de réalité. En son absence, l'ensemble de la relation analytique se trouve assujetti au principe de plaisir." (Ilana Reiss-Schimmel, préc.).
On lira également avec intérêt : "L'argent et la matière", Benoît Delarue, In La Cause du désir, 2013/3, n° 85, pp 29-34.