
A partir de la seconde moitié du 20ème siècle, des psychanalystes ont ouvert un chemin entre la psychanalyse et le bouddhisme. La méditation, au cœur de la religion et de la philosophie bouddhiste fut-elle auparavant tenue hors du champ de la psychanalyse parce ce que n’appartenant pas au registre de la science mais du spirituel ?
Jung fut largement influencé par l’Orient (C.G. Jung, Psychologie et orientalisme, Albin Michel, 1984 ; R. Moacanin, C.G. Jung et la sagesse tibétaine, Le Relié, 2006). Erich Fromm, psychanalyste américain d’origine allemande, organisa un séminaire publié en 1960 sur la relation entre la psychanalyse et le bouddhisme (D. Suzuki, E. Fromm, R. De Martino, Bouddhisme zen et psychanalyse, PUF, 2018).
Lacan également, à la première phrase du Livre I du Séminaire, consacré aux écrits techniques de Freud (1953-1954), pointa le rapprochement entre la psychanalyse et la méditation qu’il découvrit par le Zen : « Le maître interrompt le silence par n’importe quoi, un sarcasme, un coup de pied. C’est ainsi que procède dans la recherche du sens un maître bouddhiste selon la technique zen. Il appartient aux élèves eux-mêmes de chercher la réponse à leurs propres questions. Le maître n’enseigne pas ex cathedra une science toute faite, il apporte la réponse quand les élèves sont sur le point de la trouver. »
Je cite également deux ouvrages plus récents : N. Coltard, Bouddhisme et psychanalyse, Petite bibliothèque Payot, 2008 et E. Vartzbed, Le bouddhisme au risque de la psychanalyse, Seuil, 2013.
Entre la psychanalyse et la méditation, je relève quatre points de convergence :
- une relation duelle : un maître / un analyste
- un cadre précis : la posture du maître et du disciple / de l’analyste et de l’analysant ; la fin de la séance signifiée par le gong / la parole
- l’accueil de ce qui émerge dans le champ de la conscience, sans juger et sans rejeter
- l’imperceptibilité des progrès telles les aiguilles d’une horloge qui ne semblent pas bouger lorsqu’on les regarde fixement
Finalement, la psychanalyse n’est-elle pas une méditation parlée et la méditation une psychanalyse silencieuse, les deux pratiques ayant la pensée en fond d’écran ? Silence d'un côté, parole de l'autre… Et si la psychanalyse était la version sous-titrée d’un film intérieur… ?