Philippe Saboulard
Psychanalyse à Bordeaux

Foutez-vous la paix ! : à propos de la conférence de Fabrice Midal à Bordeaux le 15 février 2024


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Il est toujours fortifiant pour le corps et l’esprit d’aller à la rencontre de Fabrice Midal par le biais de ses livres, de ses interventions et de ses enseignements. Il a, dans le cadre d’une conférence tenue à l’Athénée municipal de Bordeaux le 15 février 2024, devant un large auditoire, explicité le principe et la méthode du « Foutez-vous la paix » présentées dans deux de ses livres : « Foutez-vous la paix ! Et commencez à vivre » (Pocket, 2018) et « La méthode foutez-vous la paix » (Flammarion Versilio, 2022).

Philosophe, écrivain et méditant, Fabrice Midal a le talent de savoir parler avec simplicité au bon sens et au cœur et de ne pas rejoindre les rangs de ceux qui, redoutant certainement de ne pas en avoir suffisamment, jaugent leur niveau d’intelligence au nombre de ceux qui ne les comprennent pas (avec l’humour qui le caractérisait, Sacha Guitry disait : « On peut être hermétique et ne rien contenir. »).

Foutez-vous la paix c’est arrêter de s’en vouloir, de rechercher à tout prix à être zen. C’est l’antidote à la déshumanisation et à l’illusion de la norme : « Il n’y a pas de norme. Tous les hommes sont des exceptions à une règle qui n’existe pas. » (Fernando Pessoa)

Foutez-vous la paix ce n’est pas chercher le calme lisse et amollissant mais la paix. C’est entrer dans un rapport pacifié avec ce que l’on vit et intégrer dans leur amplitude les émotions qui nous traversent. Vouloir être calme c’est en fin de compte ne jamais pouvoir être en paix.

La « gestion des émotions » et le « lâcher prise » sont deux leitmotivs aliénants et culpabilisants. On ne « gère » pas ses émotions comme on gère ses comptes ou un stock de marchandises, on les écoute, on les apaise. Le lâcher prise et le contrôle ne fonctionnent pas. Au contraire, ils cristallisent les émotions.

Plus on tente d’être parfait plus l’imperfection est insoutenable.

La multiplicité des choix nous prive de la possibilité de choisir (« l’embarras du choix ») et la vampirisation de notre attention à laquelle nous avons fini par céder puis par consentir, ouvre sur ce qu’un PDG de TF1 d’alors appelait le « temps de cerveau disponible ». Il est beaucoup plus confortable et paresseux de ne pas être attentif car être attentif c’est être constamment vigilant à quelque chose qui ne s’est pas encore produit mais qui est susceptible de se produire. C’est être toujours sur le fil de l’écoute, effort difficile à soutenir dans la durée.

Le burn-out n’est pas lié à la quantité de travail mais à la pression, à la déshumanisation, au manque de reconnaissance.

Enfin, on ne médite pas dans un but déterminé : la méditation est une voie féconde à la condition de ne pas juger sa pratique et de ne rien en attendre.


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