Histoire d'une limite intérieure universelle : la fatigue

Je suis récemment tombé sur un article de presse donnant un coup de projecteur sur un livre dont le titre est « Histoire de la fatigue. Du Moyen Âge à nos jours » publié en 2020.
Georges Vigarello, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, dresse un panorama érudit des diverses formes et manifestations de fatigues qui s’expriment dans notre civilisation depuis plus de mille ans. Tous ces états polymorphes d’épuisement physique, intellectuel, psychique dont nous éprouvons tous, à des moments ou d’autres et à des degrés différents, les sensations pénibles qu’ils procurent, déclinables de la lassitude à l’accablement en passant par diverses nuances.
Je ne sais pas si j’aurai le temps, et le pep’s, de lire cet ouvrage de 480 pages mais j’ai été happé par l’expression : « fatigue de civilisation ». Elle reflète parfaitement à mon sens la tonalité et la texture de la fatigue de notre époque.
Très spontanément, je me suis dis « Oui, c’est ça, tout à fait ça dont tous mes consultants se plaignent et dont il m’arrive moi aussi de faire l’épreuve ».
La lecture de cet article a éveillé en moi une réflexion et un souvenir personnel.
- Si les symptômes portent toujours la marque de fabrique de la société qui les génère, les fatigues aussi (stress, burn out, mal-être, charge mentale, embarras du choix…)
- Il y a longtemps, un membre de ma famille m’avait appris que, littérairement parlant, on ne remue pas une salade - et encore moins bien sûr qu’on la touille - mais qu’on la fatigue. Fatiguer une salade c’est la mélanger de manière que toutes ses feuilles soient recouvertes de vinaigrette.
Si les héros sont fatigués (film de 1955 avec Yves Montand), les non-héros aussi le sont. Et même les salades.