« Parce que si ce n’était pas la France vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! »

Le Président de la République a lancé à des Mahorais lors de son déplacement dans l'archipel dévasté par le cyclone Chido : « Parce que si ce n’était pas la France vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! »
Lorsqu’il ne désigne pas vulgairement les excréments humains ou d’animaux, le mot « merde » est un juron adressé à soi-même ou à autrui (« Merde ! »), une insulte (« Tu n’es qu’une merde ! ») ou un gros mot, entendre un mot grossier (« Quel temps de merde ! »).
Les gros mots puisent dans trois registres marqués du sceau du tabou : le sexuel, le scatologique, le blasphématoire. « Merde » transgresse le tabou scatologique.
Les gros mots peuvent véhiculer une insulte (lat. insultare : sauter sur). L’insulte est une parole ou un acte qui vise à offenser, à blesser, à humilier. Ce sont alors des projectiles (lat. projectus : jeté en avant) visant autrui, et parfois soi-même. C’est le « Casse-toi, pauv’con ! » lancé par un autre Président de la République, Nicolas Sarkozy, le 23 février 2008 au Salon de l’agriculture à une personne refusant sa poignée de main, qui amalgame expression grossière et insulte.
Faisant office de « phallus verbal » aux « accents guerriers » (Aurore Aimelet, « Je dis tout le temps des gros mots », Psychologie, 13/04/2012 [en ligne]), ils mettent de la distance en provoquant de la gêne ou de la sidération. Ils élargissent instantanément le périmètre de notre bulle proxémique. Ils illustrent une rébellion du surmoi, cette instance morale intégratrice des exigences et interdits parentaux (Freud, deuxième topique).