
La psychanalyse marche-t-elle sur les brisées de la confession religieuse ?
La psychothérapie d’inspiration analytique, en face-à-face, la cure analytique, l’analysant allongé sur le divan et le psychanalyste à l’arrière sur un fauteuil, d’une part, et la confession religieuse, dans une proximité intime, dans un confessionnal ou non, d’autre part, ont un point commun au moins : une rencontre entre un besoin d’accompagnement spirituel d’une personne et une attitude d’écoute et de suspension du jugement de celui à qui cette personne se confie en raison de son statut.
Toutefois les divergences de registre et de dimension l’emportent sur les points possibles de convergence (« La psychanalyse est une cure, la confession une promesse. », entretien avec Maryse Vaillant, La Croix, 18 février 2011 [en ligne]).
J’identifie des différences :
- quant à la position de l’écoutant
La confession est un outil à trois de purgation : le pécheur, le prêtre et Dieu. Le prêtre est l’intermédiaire de la parole de Dieu, extérieure et transcendante.
La psychanalyse est une expérience à deux de la parole. Si le prêtre officie avec Dieu en filigrane, le psychanalyste est seul avec l’analysant et endosse l’entière responsabilité de son accompagnement et de ses interprétations. Lacan disait : « L’analyste ne s’autorise que de lui-même » (Lacan, Proposition de la passe, octobre 1967, formulation plusieurs fois reprise et remaniée).
- quant à la relation à la culpabilité
Dans la religion, le sentiment de culpabilité émerge de la transgression d’une loi divine par la commission de péchés capitaux et de leurs rejetons.
En dehors de la sphère religieuse, les raisons et les contours de la culpabilité sont en nuances et à géométrie variable et différent dans l’intensité de leur manifestation d’un individu à l’autre. Il n’y a pas une grille universelle d’énumération, de lecture et de gestion de la culpabilité.
- quant à la finalité
La confession religieuse consiste à faire aveu de ses péchés à un prêtre, tout péché étant une inimitié contre Dieu : « Le contraire du péché, ce n’est pas la vertu mais la foi. » (Kierkegaard, Traité du désespoir, 1849). La confession remet les pendules à zéro. En langage informatique, on dirait qu’elle fait reset.
Si « La foi est une façon de posséder déjà ce que l’on espère » (Lettre aux Hébreux 11, 1), dans le cadre d’un travail thérapeutique, il n’y a ni recherche ni "prononcé" d’une absolution, c’est-à-dire effacement d’une faute, réelle ou ressentie comme telle : « Il n'y a pas là de promesse d'un monde meilleur, ni de béatitude, rien que le temps humain, et pas d'au-delà. » (Maryse Vaillant, préc.)