
Se lever le matin, une nuit de moins, une journée de plus… se coucher le soir, une journée de moins, une nuit de plus…
Septembre… la rentrée… une année de plus… une année de moins…
J’ai en cette période un souhait relevant de l’utopie. Que le prochain titulaire du portefeuille du ministère de l’éducation nationale prenne une circulaire interdisant aux enseignants d’apposer sur les copies corrigées l’expression « faute(s) d’orthographe ». Une utopie, oui… mais « L’utopie n’est que le nom donné aux réformes lorsqu’il faut attendre les révolutions pour les entreprendre. » (Jacques Attali, Fraternités - Une nouvelle utopie, Fayard, 1999)
En effet, on ne commet pas une faute d’orthographe mais une erreur d’orthographe. On parle bien d’une erreur de calcul et non d’une faute de calcul. Du latin falsum (le faux, le mensonge), la faute induit l’action de manquer, de faillir. Elle implique la responsabilité de son auteur. Du latin error (illusion, méprise), l’erreur révèle un égarement de l’esprit. Faire erreur, être induit en erreur, c’est se tromper mais sans intention. Là où la faute est sous-tendue par la responsabilité de celui qui la commet, et donc moralement connotée, l’erreur, rejeton de l’involontaire ou de la distraction, appelle l’indulgence. En revanche, si l’erreur est humaine, la réitérer volontairement devient une faute. Errare humanum est, perseverare diabolicum (locution latine attribuée semble-t-il tantôt à Sénèque, tantôt à Cicéron, tantôt à Saint-Augustin).
Bannir le mot « faute » dans les corrections de copie, c’est ôter de la culpabilité. Une culpabilité pouvant être accrue lorsque des professeurs notent les dictées en points négatifs. Certes louable intention s’il s’agit de permettre aux élèves de mesurer les progrès accomplis car entre celui qui commet 9 « fautes » et celui qui en fait 15, l’écart de note est faible. Mais être noté négativement peut être perçu comme être moins que rien. Par ailleurs, toutes matières confondues, pourquoi rajouter à une note de zéro la mention manuscrite « nul » ? Au-delà de ce qui s’apparente à un pléonasme (une « faute de français » ou une « erreur » ?), c’est une double peine infligée (il m’a toutefois été rapporté un souci à peine risible de la nuance : une note de 0,5/20 en physiques accompagnée du commentaire suivant du professeur : « quasi nul » [Sic]).
Emotion très douloureuse liée à un attachement à l’Ego, la culpabilité piétine le Soi.
La rentrée… une opportunité à saisir pour s’ouvrir à la méditation !
La méditation permet de prendre conscience des pensées et des émotions qui s’élèvent en nous, de découvrir nos distractions et nos agitations mentales. C’est en s’entraînant d’abord sur le coussin, en cultivant l’attention et en en faisant une habitude, développer des habilités afin d’être moins submergés dans la vie de tous les jours. Comment ? En prenant conscience de la respiration, outil en permanence à notre disposition, et en en faisant un point d’ancrage. Lorsque nous sommes distraits, nous revenons au mouvement naturel de l’air. Nous nous entraînons ainsi sans suivre les pensées, sans les rejeter, et sans juger.
D’abord sur le coussin puis à d’autres occasions de la vie (Lama Jigmé Rinpoché, Du coussin à la vaisselle - Quatre réflexions pour méditer au quotidien, Dhagpo Kagyu Ling, 2011).
La méditation ne change pas les choses que l’on voit mais change notre posture mentale par rapport à ce que nous voyons. La pensée n’est jamais un problème, le problème c’est l’identification à la pensée.
« Reconnaître une émotion au moment elle survient, comprendre qu’elle n’est qu’une pensée dénuée d’existence propre et la laisser se dénouer spontanément en évitant la cascade de réactions qu’elle entraîne habituellement, tout cela est au cœur de la pratique contemplative bouddhiste. » (Matthieu Ricard, Plaidoyer pour le bonheur, Pocket Evolution, 2017, p. 147)